326 Les Spectacles de la Foire.

Le dernier vers faisait allusion à la passion non partagée que Robineau de Beaunoir avait éprouvée pour la belle actrice. Le Chroniqueur désœuvré apprécie en ces termes Ie talent de Sophie Forest pendant le temps qu'elle passa aux Grands-Danseurs du Roi, c'est-à-dire de 1777 ^z -7^4 ^: ^<( Le phyfique d'une Vénus, charmante dans tous les rôles de payfannes, d'Agnès, de petites-maîtreffes; mais dans les grands rôles de pièces et de pantomimes, pas aflez de noblefle, trop de roideur dans fés geftes. Il eft fi aifé

d'arrondir 4es bras quand on les a beaux.....» Plus loin, l'auteur

du Chroniqueur se montrant plus sévère, adresse à M^llc Forest l'allocution suivante : « Que dirai-je de vos talens? ne verrai-je jamais le public détrompé et accordera-t-il toujours à la fade beauté les applaudiflemens qu'il ne doit en confcience qu'au talent réel et poùrrez-vous vous flatter d'en avoir quand vous confèr-verez fans cefle cet air minutieux et à prétention qui ne s'accorde nullement au rigorifme du théâtre ? Les adulations vous ont gâtée, Foreft, les méchantes pièces de vers que Robineau et con-fors vous ont adreffées, vous ont fait perdre la raifon. Craignez la chûte, Sophie, craignez la chûte. Elle eft l'écueil ordinaire que ne peuvent éviter celles qui, comme"vous, font aflez aveuglées fur leur compte pour prétendre afpirer fans le mérite néceflaire aux hommages de toute la terre, hommages d'autant moins durables qu'ils font les fruits du caprice et de l'illufion. Le voile fe déchiré' et que voit-on derrière? Eft-ce toujours cette altière beauté,

orgueillëufe, trop fière de fés frivoles avantages?.....Non.....

mais qu'eft-ce donc? Hélas! Ce n'eft plus .que Sophie, figure ordinaire et qui ne dut fon éclat qu'à l'effet de la prévention. Voilà le fort qui vous attend, prenez-y garde. »

Le Chroniqueur désœuvré fut mauvais prophète et le public continua à prodiguer ses applaudissements à l'actrice, quand du théâtre des Grands-Danseurs du Roi elle fut passée, en 1785, au théâtre des Variétés du Palais-Royal, où elle a créé Zuline dans la Loi de Jatab, ou le Turc a Paris, comédie en un acte, en vers, par Dumaniant, représentée le 22 janvier 1787; Zamire, jeune